RAY SUR SAONE.12- Au temps de la vigne.
Le cadastre napoléonien met en évidence une toponymie liée à la culture de la vigne, principalement au sud du château, sur les coteaux des Renvers. Un sol propice, des terres en pente, une bonne exposition au soleil constituaient les conditions favorables à la production de vin.
1 Plan général de la commune de Ray au Cadastre napoléonien. 2 la Grande vigne, vigne de la Cour, vigne Sainte Anne. 3 Sur les Vignes de Ferrières. 4 Vignes des Ranges. 5 Vigne du Haut et Vigne Blanche.
D'après l'arpentement général* de 1681, la surface des vignes était de 79 ha 38 a sur une superficie totale de 255 ha 70a soumise à l'impôt. Il est à noter que les vignes seigneuriales ne figuraient pas dans le calcul. On peut donc imaginer que la surface totale des vignes avoisinait la centaine d'hectares.
Les recensements culturaux de 1887 et 1904 présentent les rendements moyens des différentes productions agricoles dont la vigne.
En 200 ans la superficie de la vigne a été divisée par 10. Il est vrai que le phylloxera et autres maladies de la vigne ont décimé les plans et sans doute découragé bon nombre de vignerons qui se sont tournés vers d'autres productions ou ont quitté le village.
Le rendement moyen des vignobles a été multiplié par 3 en 17 ans. On peut y voir l'influence de l'amélioration des terres et des façons culturales par l'amendement.
Extrait de la transcription de la monographie de l'Abbé Dallet .1 Exemple d'arpentement de la Grange de Varigney en 1708. 2 Les superficies territoriales. 3 Les rendements de 1887 et 1904.
Les recensement de population des archives départementales permet se suivre l'évolution de la population du village de Ray. Grâce à l'indication des métiers des personnes composant la famille ont peut établir la liste des ménages de vignerons ( et de tonneliers) en 1881,1886, 1891. L'étude démontre la constante décroissance de la culture de la vigne dans la commune.
1Tableau de l'évolution des ménages de vignerons de 1881 à 1891 d'après le recensement de population des Archives départementales 70. 2 Extrait du recensement de 1881 Archives départementales 70.
La cuverie du château de Ray ou était vinifié le raisin des vignes des Comtes et Duc. Une date gravée à la droite d'une porte d'accès indique 1770. Elle contient aujourd'hui les pompes hydrauliques qui amènent l'eau au château.
Vendanges" en famille" à Ferrière les Ray, vers 1930. Photo aimablement transmise par Alain Mey ( Blog: Bienvenue à Ray sur Saône) . Au centre ses grands parents paternels.
Raymond LIARD, dont la propriété est située sur des terres à vignes, a élaboré un projet en collaboration avec son fils et un résidant allemand négociant en vin. Le contrat prévoyait la plantation de 2000 pieds de vignes, la récolte et la vinification, ceci en agriculture biologique. Malheureusement le retour en Allemagne du commerçant a figé le projet. Raymond pourrait le relancer avec un autre intervenant qui souhaiterait le contacter...
La vigne aujourd'hui à Ray:1 à 5 parcelle vers l'Eglise. 6 à 8 parcelle, vignes Sainte Anne.9 Terrain Raymond LIARD.
Philippe, agriculteur- éleveur en retraite, a replanté la vigne il y a une dizaine d'années dans la parcelle dite des Fontenelles. Les cépages choisis ont été fournis par les pépinières Guillaume de Charcenne qui exportent des greffons dans le monde entier. Tous ces plants ne nécessitent aucun traitement particulier, c'est dire que les raisins et les vins produits sont sains!
Raisin "blanc":
- Noah blanc
- cep Villars
Raisin "noir":
- Oberlin
- Léon Millot
- Kuhlman
- Maréchal Foch
Chaque année, en septembre, la famille, aidée par des amis se retrouve pour participer aux vendanges.
L'ouverture des travaux est annoncée par l'ancienne "garde champêtre" de Ray après un roulement de tambour puissant, propre à requérir toute l'attention des vendangeurs, petits et grands!
Les grappes sont triées avant d'être déversées dans les grosses seilles juchées sur la remorque à plateau. Ici point de hotte ou de brante, les vendangeurs utilisent de robustes seaux pour transporter leur cueillette.
Les seilles remplies, le convoi se dirige joyeusement vers la maison dans la grand rue du village.
Une grande tablée dressée dans la grange, rassemble tous les participants pour le repas du soir . C'est l'occasion pour chacun d'échanger sur la journée, sur les reins qui font mal, les doigts entaillés... , de prendre des nouvelles des uns et des autres et de renouer ainsi avec une tradition qui exista jusqu'aux environs de 1890 lorsque disparurent les derniers vignerons de Ray sur Saône.
Depuis 2007 au moins, des membres de la famille réalisent des albums photos consacrés aux vendanges; c'est de ceux-ci que sont tirées les photos de ces instants mémorables.
Extrait de la publication de Sylvain estager, Professeur agrégé de Géographie et Docteur, Université de Lille 1 . 2012
"Des 14 000 hectares de vigne qui couvraient la Haute-Saône au XIXème siècle, il ne demeure officiellement que 147 hectares répartis sur quatre communes du département.
La vigne reste aujourd’hui une composante notable des paysages et des territoires locaux, à travers la pratique viticole d’amateur. Nombreux sont les villages conservant des petites parcelles jardinées qui destinent leur production à une consommation familiale...
Une pratique héritée qui résiste
Origine de la pratique et des savoir-faire
La vigne perdure donc aujourd’hui sous différentes formes. La plupart de ses mises en œuvre sont dominées par une logique mémorielle qui renvoie à l’histoire du territoire et de ses acteurs. Elle apparaît sinon comme une réaction aux logiques sociétales de l’époque, au moins comme une résistance ou une permanence qui rattache ceux qui la mettent en œuvre à l’histoire des lieux. "
1Ce village d’une quarantaine d’habitants est considéré comme complètement a-viticole par les satistiques agricoles. Il demeure pourtant une dizaine de petites parcelles d’amateurs disséminées sur le finage communal, aux abords du noyau villageois dominé par une architecture vigneronne, qui abrite de nombreuses constructions viticoles. 2 carte du vignoble. 3 Procession de la Saint Vincent à Champlitte.
Robert CHAPUIS. Editions du Belvédère.
A partir du milieu du XIXe siècle, le sort s’acharne: le mildiou puis surtout le phylloxéra dévastent la vigne et la reconstitution, à peine commencée au début du XIXe siècle, est stoppée par la guerre de 1914-1918 qui emporte de nombreux vignerons et décourage ceux qui reviennent: trouvant une vigne en friche ou en mauvais état, ils préfèrent changer de métier et partir.
On allait ainsi vers une disparition presque totale lorsque, à partir des années soixante-dix, des hommes courageux, comme Henri Guillaume à Charcenne, et des associations enthousiastes à Champlitte et Vuillafans, entreprennent de reconstituer des vignobles. Outre cette reconstitution, le vignoble ancien a laissé des traces notables dans le paysage (murets, murgers, cabordes) ainsi que dans l’urbanisme de nos villes et de nos villages : maisons vigneronnes, demeures de bourgeois vignerons, châteaux comme celui de l’archevêque de Besançon, grand propriétaire de vigne, à Gy.
La vigne s’inscrit donc encore dans le présent et son histoire n’est pas terminée!"
Vendanves dans le village voisin de Ferrières les Ray vers 1930. Photo aimablement transmise par Alain MEY( blog: Bienvenue à Ray sur Saône). Au centre ses grands parents paternels.
De nouvelles greffes et de nouveaux plants.
Est Républicain 2014.
"Quand le phylloxéra a envahi la France, certains ont essayé d’injecter du sulfure de carbone dans le sol. D’autres ont noyé leur vigne en espérant tuer les larves de cet insecte ravageur. En Haute-Saône, deux viticulteurs de Charcenne, Albert et Modeste Guillaume, ont préféré prendre le mal à la racine. Patiemment, ils ont appris à greffer les cépages du patrimoine français sur des portes-greffes résistants, importés du Texas et des Appalaches. 120 ans plus tard, Pépinières Guillaume est le deuxième producteur mondial de plants de vigne. L’entreprise en commercialise annuellement plus de 19 millions. Elle compte des filiales en Californie et en Amérique du Sud. Elle fournit les plus grands domaines viticoles du monde : Romanée Conti, Moët-et-Chandon, Château Margaux, sans oublier de prestigieux vignerons italiens, chiliens et australiens.
Toutes ces vignes créées sur mesure sont nées en Haute-Saône. « On est capable de fournir des plants résistant mieux au gel ou à la sécheresse, des plants donnant des raisins plus ou moins gros, plus ou moins colorés. Notre travail repose d’abord sur l’observation. On va dans les vignes un peu avant les vendanges. On repère les plants qui ont des caractéristiques extraordinaires et on les suit pendant trois ans. Si la tendance est confirmée, alors seulement on prélève ces sarments pour leur donner une descendance et éventuellement les croiser avec d’autres. Ensuite, on regarde ce qui se passe pendant six ans. On fait des tests d’immunologie avec un laboratoire qui nous aide à contrôler scientifiquement l’éventuelle apparition de virus ou de maladies. Passés ces contrôles, à peine 20 % de nos essais débouchent sur une commercialisation », explique Pierre-Marie Guillaume".
VOSGES Matin 2014
"Pascal Henriot s’est installé en 1984 en plantant 3 hectares. Il a aussitôt opté pour le bio. Ses vins sont légers, fruités, moins puissants que les bourguignons. Ils ont leur identité : ce sont des Coteaux de Champlitte.
COTEAUX DE CHAMPLITTE Champlitte
Pascal HENRIOT Champlitte (bio)
Pépinières et Vins GUILLAUME Charcenne
Vincent CHEVIET Bucey les GY
LES COTEAUX D'HUGIER Hugier (bio)
Pour découvrir la vigne "in situ" ont peu se balader sur le "Sentier des pierres " de Champlitte ou encore visiter le Musée de Champlitte... après quoi, la visite d'une cave permettra de se rafraîchir le gosier en dégustant un bon petit vin de terroir...
"Si le vin disparaissait de la production humaine, il se ferait dans la santé et dans l'intelligence un vide, une absence plus affreuse que tous les excès dont on le rend coupable".
Charles Baudelaire.